191e anniversaire de Louise Michel !
191e anniversaire de Louise Michel !
Nous célébrons bientôt le 191e anniversaire de la naissance de Louise Michel (1830-1905). Normalement, nous aurions dû le fêter ensemble en mai 2020 à Marseille au Mucem autour d’un colloque reporté : Louise Michel & le(s) droit(s) mais voici qu’enfin il va pouvoir se re matérialiser en deux temps distincts :
1. un atelier de travail qui aura lieu à Marseille (au Mucem) le 28 mai 2021
2. un colloque de restitution de l’ouvrage Louise Michel & le(s) droit(s) qui aura lieu en 2022.
Après un premier volet consacré à JAURES & le(s) droit(s) (cf. ICI & LA), le Collectif L’Unité du Droit, avec le soutien du Centre de Recherche en Droit, Antoine Favre de l’Université Savoie Mont-Blanc, du Laboratoire Méditerranéen de Droit Public et du Centre de Droit de la Santé – Umr Ades de l’Université d’Aix-Marseille, nous vous invitons à un nouvel événement :
Louise Michel
& le(s) droit(s)
Marseille – Mucem –
Atelier de travail
28 mai 2021 – dès 09h00
Cette manifestation s’inscrit dans un quadriptyque scientifique proposé par le Collectif L’Unité du Droit (Clud) à l’initiative du professeur Touzeil-Divina et ayant pour thème de réflexion(s) le(s) politique(s) & le(s) droit(s). Sont prévues les quatre manifestations suivantes au cours desquelles il n’est pas question de considérer comme « juriste » les hommes et femmes politiques interrogés mais où il s’agit de questionner la façon dont ces citoyens engagés ont utilisé le(s) droit(s) :
- Jean Jaurès (1859-1914) & le(s) droit(s) (Toulouse, 03 septembre 2019) ;
- Louise Michel (1830-1905) & le(s) droit(s) (Marseille, 28 mai 2021) ;
- Charles Maurras (1868-1952) & le(s) droit(s) (2022).
- & Charles Péguy (1873-1914) & le(s) droit(s) (2023).
Un comité scientifique et d’organisation (avec des juristes en droits public et privé) a été institué pour chaque colloque. Voici celui du colloque « Louise Michel » :
- Clément Benelbaz, Maître de conférences à l’Université Savoie Mont Blanc
- Carolina Cerda-Guzman, Maître de conférences à l’Université de Montpellier III
- Raphaël Costa, doctorant à l’Université Paris Sud
- Mélanie Jaoul, Maîtresse de conférences à l’Université de Montpellier
- Geneviève Koubi, Professeur à l’Université Paris 8, Cersa
- & Mathieu Touzeil-Divina, Professeur à l’Université Toulouse 1 Capitole.
L’idée générale du colloque est de faire ressortir dans les écrits de Louise Michel trois thèmes qui nous semblent opportuns en matière de droit(s) et surtout d’Egalité et ce, à partir de ses ouvrages mais également de ses discours, textes, poèmes (etc) et de ses engagements. La femme et sa doctrine ont fait l’objet d’études historiques, littéraires, philosophiques et même sociologiques mais très peu en Droit ce qui justifie la présente démarche.
Après un premier report de l’événement initialement prévu en mai 2020, la tenue du colloque se matérialisera donc en deux temps :
1) le 28 mai 2021, pour célébrer symboliquement le 191e anniversaire de sa naissance, se réunira à Marseille, au MUCEM, un atelier de travail
Pour participer à cet atelier et proposer une contribution qui sera discutée par toutes & tous les participants, il vous suffit de vous inscrire au moyen de l’adresse mail suivante : contact@unitedudroit.org
Concrètement, la journée sera organisée comme suit :
09 h 00 : ouverture des travaux
Matinée consacrée à l’audition puis à la discussion des contributions de plusieurs des intervenants (liste en cours) à l’ouvrage et au colloque de restitution.
Tous les participants inscrits auront la possibilité de proposer une contribution et de répondre à celles des autres.
Midi : repas sur place
(autogéré et dans le respect des conditions sanitaires actuelles)
14 h 00 reprise des travaux
Après-midi consacré à l’organisation matérielle et scientifique du futur colloque ainsi qu’à sa publication.
Si possible, de 15 à 17h, l’atelier sera réservé à l’audition et à la participation des doctorant.e.s souhaitant proposer à la discussion un de leurs travaux.
2) Courant 2022, un ouvrage sera publié et donnera lieu à un colloque de restitution
Heureusement, en 2020, nous avons eu la chance et l’honneur de publier le jour du 190e anniversaire de Louise Michel les premières pistes de réflexion qui ouvriront nos débats futurs. Il s’agit d’un premier texte du professeur Geneviève KOUBI
que nous remercions mille fois :
Louise Michel.
Droit/s de/à la révolte
Geneviève Koubi,
professeur, Université Paris 8,
CERSA-CNRS UMR 7106
« Des femmes radicales de premier plan
qui allaient ensuite défendre la Commune s’étaient jointes au soulèvement de janvier.
Parmi elles figurait Louise Michel (1830-1905) :
armée d’un fusil, elle criait « Vive la Commune ! » ;
le nom de ce personnage quasi-légendaire
devait devenir synonyme de la Commune.
Humble maîtresse d’école, c’était non seulement une idéaliste
mais aussi quelqu’un de courageux et de résolu.
Elle prit pour modèles les héroïnes de la première révolution française.
Même si elle s’exprima dans des réunions publiques
et écrivit plus tard des mémoires qui apportèrent un témoignage précieux sur l’histoire de la Commune,
ce fut moins une théoricienne
qu’une participante active de la Commune. »[1]
La figure communarde de Louise Michel ne peut être dessinée exclusivement dans la temporalité spécifique de la Commune de Paris en 1871[2]. Si Louise Michel a activement participé à ses actions, si elle a pris la parole dans les réunions des nombreux comités, clubs et associations qui avaient alors lieu, ce ne fut qu’aux derniers jours de la Commune que son image prit une stature emblématique, – celle-ci ayant été magnifiée à l’occasion de son procès en décembre 1871[3], notamment en ce qu’elle avait demandé à être exécutée en solidarité avec les victimes de la Semaine sanglante, en quelques mots :
« … j’appartiens toute entière à la révolution sociale, et je déclare accepter la responsabilité de mes actes (…). Ce que je réclame de vous qui vous donnez comme des juges et vous instituez conseil de guerre, de vous qui, du moins, ne vous cachez pas pour frapper comme la commission des grâces, c’est une place au champ de Satory, où nos frères sont déjà tombés. Oui, on a eu raison de le dire, je n’ai plus de place dans ce monde, et puisqu’au temps où nous vivons, il semble que tous ceux en qui vibre encore l’amour de la liberté n’aient plus droit qu’à un peu de plomb dans le cœur, j’en réclame ma part … »[4].
En quelque sorte, le statut d’héroïne qui lui a été décerné est d’abord le produit de récits et témoignages publiés par d’anciens communards au début de la IIIe République[5]. Confirmée par la suite en divers écrits ultérieurs[6] jusqu’à nos jours[7], cette effigie de révolutionnaire convaincue et résolue demeure. Pourtant, ce n’est que par ses discours et par ses ouvrages postérieurs à la proclamation de la Commune, à la mise en place du communalisme, à sa déportation vers la Nouvelle-Calédonie[8] et à son retour en France continentale, à Paris, le 9 novembre 1880 – malgré le refus qu’elle opposa aux démarches faites en sa faveur pour l’octroi d’une grâce[9] – qu’a été retracé son portrait non d’actrice mais plutôt de partisane déterminée de la révolution sociale – et, peut-être par là, de ressentimentale à travers son travail mémoriel[10] plus que de nostalgique des utopies la Commune de 1871. Mais, bien que son nom soit souvent cité dans les études menés sur l’histoire du XIXe siècle, la personne comme l’action de Louise Michel ne peuvent être réduites en un cliché.
« À travers Louise Michel se configurent des lignes de partage politiques et idéologiques qui divisent le dernier tiers du XIXe siècle. Louise Michel évolue dans un univers de perceptions, de représentations individuelles et collectives, qui ont travaillé sa figure pour ce qu’elle représente du passé (notamment par son lien avec la Commune de Paris), pour ce qu’elle personnifie dans le présent (l’émancipation des femmes, la perspective révolutionnaire, la critique du parlementarisme, l’égalité sociale ou la lutte contre la bourgeoisie), et pour le potentiel futur qu’elle incarne. »[11]
C’est en suivant cette perspective que se comprend la célébrité politique de Louise Michel[12]. La force des idées qu’elle diffuse dérange l’ordre établi. Aussi,
« [é]tudier les conférences de Louise Michel permet de rendre compte d’une trajectoire propagandiste dans les débuts de la IIIe République et de suivre les scissions qui parcourent le mouvement socialiste révolutionnaire. S’y donnent à voir les conditions du militantisme de celles et ceux qui ont fait l’expérience d’un mouvement révolutionnaire abouti (la Commune de Paris) et d’une répression meurtrière. »[13]
Les prises de position révolutionnaires de Louise Michel ne se sont pas énergiquement affirmées pendant la Commune de Paris de mars à mai 1871, même si nombre de ses attitudes antécédentes avaient révélé son attachement à la République, son souci d’une éducation citoyenne des enfants, ses préoccupations déterminantes pour les classes sociales défavorisées.
Avant l’insurrection du 18 mars et la mobilisation pour l’institution de la Commune, durant le siège de Paris, animés par « une cause commune », la population s’était rebellée autant contre les forces ennemies que contre un gouvernement qui avait déjà fui hors de la capitale. Le choix d’une paix tronquée par un armistice en forme de capitulation avait exacerbé en son sein les inclinations altruistes et solidaires. « Pour Louise Michel comme pour beaucoup d’autres, ce sentiment atteignait son paroxysme dans les clubs politiques où l’esprit de 1793 semblait ressuscité »[14], il s’agissait alors du comité de vigilance de Montmartre et du club la Patrie en danger – la dénomination même de ce club en révélant la tendance blanquiste[15].
Si, à de nombreuses reprises, notamment durant l’hiver 1870-1871, Louise Michel avait estimé que la contribution des femmes à l’effort de guerre, aux formes de la Défense nationale, devait absolument être admise, au moins pour les transports ambulanciers à effectuer, les secours à administrer et les soins à prodiguer aux blessés[16], – et, qu’on le veuille ou non, ces fonctions répondaient encore aux présupposés sexistes quant à la qualité des tâches réalisables par les femmes. De telles activités étaient pourtant essentielles, et les femmes ne se sont pas privées de s’emparer des fusils abandonnés sur le terrain. Par la suite, la demande pressante d’une participation armée à la défense de Paris fut réitérée à plusieurs reprises, plus particulièrement durant les derniers jours de la Commune lorsque les forces versaillaises montèrent à l’assaut de la ville de Paris. De facture combative et martiale, cette revendication soutient le blason féministe de Louise Michel, image qui s’approfondira au fil du temps. Pourtant, en ses Mémoires, Louise Michel reconnaît ne s’être engagée vigoureusement sur les barricades qu’à compter du lundi 22 mai 1871.
En 1871, Louise Michel n’était pas encore une propagandiste anarchiste, ni militante féministe.
Ce ne fut qu’a posteriori que Louise Michel fut présentée en une figure féministe[17]. Alors même qu’elle « refusait de s’attarder sur cette « bête question » de l’égalité des sexes »[18], cette description l’enferme désormais dans un modèle qui atténue sa posture politique révolutionnaire :
« Louise Michel est assignée à incarner le féminisme du dernier tiers du XIXe siècle, souvent au détriment de son engagement anarchiste et révolutionnaire. Elle représente dans sa version républicaine les combats des femmes, et est par ce biais renvoyée à sa classe de sexe. Ce sont les dimensions charismatiques et symboliques de cette figure qui sont valorisées, davantage que son rôle politique et idéologique. »[19]
Certes, durant la Commune comme après, lors de différentes prises de parole, en des discours et conférences, Louise Michel en avait appelé aux femmes, aux citoyennes de Paris[20], afin d’insuffler un mouvement d’adhésion aux idéaux portés par la Commune puis afin de prolonger la lutte pour la réalisation de la révolution sociale tant souhaitée.
« [P]our Louise Michel, la cause révolutionnaire telle qu’elle la voyait était plus importante que les questions touchant les femmes : aussi lutta-t-elle de toutes ses forces pour en assurer la primauté. Lors du siège de Paris, elle fut membre des comités de vigilance masculin et féminin de Montmartre et participa aux réunions de l’un et de l’autre : « On ne s’inquiétait guère à quel sexe on appartenait pour faire son devoir. Cette bête de question était finie », écrivait-elle dans ses Mémoires. »[21]
Louise Michel n’est devenue une figure révolutionnaire et anarchiste qu’à partir des années 1890[22]. Pourtant, il a été noté que Louise Michel « écrit dans La Commune qu’elle est clairement devenue anarchiste dans le bateau qui la déportait en Nouvelle-Calédonie »[23]. En novembre 1895, elle (re)fonde le journal hebdomadaire Le Libertaire avec Sébastien Faure qui, connaisseur de maints écrits anarchistes[24], poursuivra avec constance sa recherche sur la résolution solidaire et universelle de la « question sociale »[25].
De nombreux historiens insistent sur la forme révolutionnaire des discours de Louise Michel comme sur ses convictions anarchistes[26], lesquelles en appellent bien plus à Auguste Blanqui qu’à Bakounine qui, pourtant, incitait à soutenir la révolte en termes d’action directe et à préconiser l’auto-organisation collective[27], ou qu’à Pierre-Joseph Proudhon alors même que nombre des idées associatives et fédéralistes de la Commune étaient puisées dans ses écrits[28]. De la voir brandir un « drapeau noir » lors de la manifestation des sans-travail aux Invalides à Paris, le 9 mars 1883, avait tant fait frémir les bourgeois ! Elle justifia avoir affiché cet étendard lors de son procès 22 juin 1883, affirmant alors « que ce drapeau est le drapeau des grèves et qu’il indique que l’ouvrier n’a pas de pain », insistant aussi sur sa nature non-violente : « Si notre manifestation n’avait pas dû être pacifique, nous aurions pris le drapeau rouge… »[29]
Logiquement, suivant ces convictions, les questions de « droit » ne sont pas fondamentalement au cœur des discours de Louise Michel[30]. Elles ne l’intéressent qu’en ce qu’elles permettraient à la population d’échapper aux lois liberticides, aux peuples de se libérer des colonisateurs, aux travailleurs de s’émanciper des exploiteurs, aux pauvres d’accéder aux biens vitaux et essentiels, etc. Louise Michel n’évoquera pas un « droit à la révolution », la révolution ne se comprenant que par l’action menée principalement contre l’ordre établi, contre le pouvoir, contre l’État. Tout juste peut-elle penser la révolte comme d’un « droit à l’insurrection »[31] afin d’insuffler le mouvement … en prélude au Grand soir.[32]
[1] Marisa Linton, « Les femmes et la Commune de Paris de 1871 » (trad. C. Hivet), Revue historique, 1997, t. 298, p. 29.
[2] Voir Sidonie Verhaeghe. De la Commune de Paris au Panthéon (1871-2013) : célébrité, postérité et mémoires de Louise Michel. Sociologie historique de la circulation d’une figure politique. Thèse, Science politique, Lille II, 2016.
[3] C’est en cette occasion que Louise Michel fut surnommée « la vierge rouge ».
[4] Retranscription dans le journal La République française du 17 décembre 1871. Cf. aussi, compte rendu du VIe Conseil de guerre (à Versailles), audience du 16 décembre 1871, Gazette des Tribunaux, décembre 1871. Voir, également, Louise Michel devant le 6e conseil de guerre : son arrestation par elle-même, dans une lettre au citoyen Paysant, Louise Michel devant le 6e Conseil de guerre. Son arrestation par elle-même dans une lettre au citoyen Paysants, éd. Salle des dépêches du citoyen, Impr. nouvelle, Paris, 1880 ; « Vive la Commune ! », procès de Louise Michel, 16 décembre 1871, édition bilingue, Seuil, coll. Points, sous-coll. Les grands discours, 2011 (ce texte étant suivi de : Jules Vallès, La Commune est proclamée, 30 mars 1871, et de : Karl Marx, La guerre civile en France, adresse à l’Internationale ouvrière, 30 mai 1871).
[5] Voir Sidonie Verhaeghe, « Louise Michel, féministe : analyse d’une opération de qualification politique aux débuts de la IIIe République », Le Temps des médias, 2017, n° 29, pp. 18-32.
[6] Voir, par ex., Irma Boyer, « La vierge rouge », Louise Michel, André Delpeuch éd., 1927 ; Françoise Möser, Une héroïne, Louise Michel, Jean Vignaux éd., 1947 ; Paule Lejeune, Louise Michel, l’indomptable, éd. des femmes, 1978 (rééd. L’Harmattan, 2002) ; Xavière Gauthier, L’insoumise, (« biographie romancée »), ed. Manya, 1991.
[7] Voir Stéphane Zékian, « Roman, oralité, incorrection : Louise Michel et l’écriture de l’insurrection », dans Quentin Deluermoz, Anthony Glinoer (dir.), L’insurrection entre histoire et littérature (1789-1914), Éd. de la Sorbonne, coll. Histoire de la France XIXe-XXe siècles, 2015, pp. 107-124. D’autres portraits ont pu en être dressés, voir, par ex., Claude Rétat, Art vaincra ! Louise Michel, l’artiste en révolution et le dégoût du politique, éd. Bleu autour, coll. La petite collection, 2019. Voir aussi en bande dessinée, Mary M Talbot, Bryan Talbot (trad. B. Béguerie), Louise Michel, la Vierge Rouge, éd. Vuibert. 2020.
[8] Voir, à ce propos,Joël Dauphiné Joël, La déportation de Louise Michel. Vérités et légendes, Les Indes Savantes, 2006.
[9] Qu’elle obtint le 16 octobre 1879.
[10] Voir Sidonie Verhaeghe, « « Les victimes furent sans nom et sans nombre ». Louise Michel et la mémoire des morts de la Commune de Paris », Mots. Les langages du politique, 2012, n° 10, pp. 31-42.
[11] Sidonie Verhaeghe, « La jeunesse de Louise Michel: enjeux politiques des récits sur les origines d’une révolutionnaire », Criminocorpus, 2018, http://journals.openedition.org/criminocorpus/3714, (consulté le 16 juillet 2019).
[12] « Étudier le parcours de la célébrité de Louise Michel conduit à interroger les conditions et les formes de sa mise en visibilité politique, qui l’amènent à être connue et reconnue au-delà de son cercle relationnel. Il faut analyser les vecteurs de production et de diffusion d’une connaissance autour de Louise Michel, les espaces de sa diffusion, et les reconfigurations qui s’opèrent en fonction des espaces sociaux et des publics. En effet, les canaux de la célébrité ne sont pas uniformes : ils peuvent être les meetings et les conférences pour les militants ouvriers et socialistes, la presse populaire et la littérature de trottoir pour l’audience urbaine parisienne, les journaux régionaux et locaux pour le public rural ou les habitants des villes de province. » : Sidonie Verhaeghe. De la Commune de Paris au Panthéon (1871-2013) : célébrité, postérité et mémoires de Louise Michel. Sociologie historique de la circulation d’une figure politique. Thèse, Science politique, Lille II, 2016, p. 58.
[13] Sidonie Verhaeghe, « Une pensée politique de la Commune : Louise Michel à travers ses conférences », Actuel Marx, 2019, n° 66, p. 81.
[14] Marisa Linton, « Les femmes et la Commune de Paris de 1871 » (trad. C. Hivet), Revue historique, 1997, t. 298, p. 31.
[15] Louis Auguste Blanqui étant, dès après le 4 septembre 1870, le fondateur du journal la Patrie en danger. Cette fibre militante de Louise Michel durant la Commune est particulièrement retenue par bien des historiens, voir, par ex. : « La Commune est surtout une révolution sociale qui entend assurer l’égalité entre tous et libérer les prolétaires de leur état de servitude. Le drapeau rouge flotte sur la ville. Blanquistes, internationalistes, proudhoniens se côtoient au sein du conseil. Pour Louise Michel, qui se réclame d’Auguste Blanqui, cette révolution sociale est également un moyen de donner une nouvelle place aux femmes dans la société. »: Yann Simon, « La Commune : une expérience politique singulière » (22 mai 2019) sur https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p2_1892588/louise-michel-dans-les-evenements-et-les-memoires-de-la-commune-de-paris (consulté le 11 avril 2020). Voir, par ailleurs, Elsa Guillalot, Louis-Auguste Blanqui et son double. Un mythe politique moderne dans la France des XIXe et XXe siècles, Thèse, Science politique, Grenoble II, 2000.
[16] Notant que Louise Michel était ambulancière…
[17] Voir Sidonie Verhaeghe, « Louise Michel, féministe : analyse d’une opération de qualification politique aux débuts de la IIIe République », Le Temps des médias, 2017, n° 29, pp. 18-32.
[18] Suivant l’expression de Michèle Riot-Sarcey dans Histoire du féminisme, La Découverte, coll. Repères, 2015, p. 84.
[19] Sidonie Verhaeghe, « Louise Michel au Panthéon ? », Politis hebdo, 1er avr. 2020, n° 1597.
[20] Voir, par ex., Louise Michel, Aux citoyennes de Paris, L’Herne, coll. Carnets, 2016.
[21] Marisa Linton, « Les femmes et la Commune de Paris de 1871 » (trad. C. Hivet), Revue historique, 1997, t. 298, p. 29.
[22] Lisant les ouvrages de Claude Retat (Art Vaincra ! Louise Michel. L’artiste en révolution et le dégoût du politique, Saint-Pourçain-sur-Sioule, Bleu autour, 2019, et – textes réunis et présentés – Louise Michel, La Révolution en contant. Histoires, contes et légendes de Louise Michel, Saint-Pourçain-sur-Sioule, Bleu autour, 2019), Jean-Claude Bonnet note : « Devenue une anarchiste résolue après sa déportation en Nouvelle-Calédonie, Louise Michel n’a jamais vraiment rendu les armes. Elle a continué d’entretenir le flambeau dans des interviews et des interventions à caractère politique, mais sans s’exprimer jamais pour autant en doctrinaire et en théoricienne de la révolution. » : Jean-Claude Bonnet, « Louise Michel est très bien », Critique, 2019, n° 11, p. 997.
[23] Édouard Jourdain, L’anarchisme, La Découverte, coll. Repères, 2013, p. 51.
[24] … et libéraux, comme ceux de Herbert Spencer, dont notamment : Le Droit d’ignorer l’État, 1850, [(trad.), dans La Brochure Mensuelle, octobre 1923, n° 10, éd. du Groupe des propagandes par la Brochure] ; L’Individu contre l’État, 1884, [(trad.) éd. Félix Alcan, coll. Bibliothèque de philosophie contemporaine, 1885].
[25] Voir Sébastien Faure, La Question sociale (Position de la Question), Brochure, Publications périodique de la colonie communiste d’Aiglemont (Ardennes), mars 1906, n° 2.
[26] Notant que, suivant une analyse lexicométrique, pour Louise Michel, « la catégorie des révolutionnaires regroupe (…) ceux qui se revendiquent ouvertement de la révolution sociale, de l’action directe et de la lutte des classes : socialistes antiparlementaires, anarchistes, blanquistes, syndicalistes révolutionnaires, guesdistes, communistes » : Sidonie Verhaeghe. De la Commune de Paris au Panthéon (1871-2013) : célébrité, postérité et mémoires de Louise Michel. Sociologie historique de la circulation d’une figure politique, encadré n° 5 : Méthodologie de l’analyse lexicométrique,Thèse, Science politique, Lille II, 2016, p. 256.
[27] Voir Mickaïl Alecsandrovitch Bakounine, Étatisme et anarchie, 1873 [(trad.) éd. Tops/Trinquier. éd. 2012] ; De la guerre à la Commune, (textes de 1870-1871), Anthropos, 1972.
[28] Voir Pierre-Joseph Proudhon, Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, E. Dentu Lib-Éd., 1863. Voir, aussi, Pierre Ansart, « Proudhon : Anarchisme ou Fédéralisme ? », C@hiers de psychologie politique, 2010, n° 16, http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=1412 (consulté le 20 janvier 2020), – dont la dernière phrase signe le probable apport de ses thèses à la Commune : « … la Commune de Paris, en 1871, n’a-t-elle pas été, par la spontanéité des fraternisations, par la recherche des liens de fédérations et de confédérations, une confirmation historique des thèses et des intuitions proudhoniennes ? ».
[29] « Défense de Louise Michel », prononcée le 22 juin 1883, devant la Cour d’Assise de la Seine, Imp. du Progrès, Bordeaux, 1883 [reprod. dans Écrits sur l’Anarchisme, éd. Seghers, coll. Écrits. 1964].
[30] Toutefois, devant l’importance accordée désormais aux environnements, en puisant dans ses écrits, peut-être lui trouvera-t-on demain une forte fibre écologiste. Ce, en sus d’une posture animaliste. Voir, par ex., sur ce point, Philippe Pelletier, « L’anarchisme et l’animal », Pour, 2016, n° 3, pp. 89-99 : « Louise Michel critique l’origine bourgeoise, donc non ouvrière, des premières ligues de protection animale. En défendant la cause animale, elle fait d’une pierre trois coups : elle assimile l’abrutissement des animaux à celui des travailleurs ; elle dénonce l’hypocrisie des bourgeois qui s’occupent des premiers sans se soucier des seconds ; et elle critique les opprimés qui se vengent sur plus faible qu’eux – les animaux. » (p. 91). Voir, également, Christophe Traïni, « Victimes (animales) et domination sociale », dans Christophe Traïni (dir.), La cause animale. Essai de sociologie historique (1820-1980), PUF, 2011, pp. 143-182 ; citant ses Mémoires : « Selon Louise Michel, figure notable de la Commune, icône de la gauche libertaire et anarchiste, l’engagement révolutionnaire auquel elle consacra son existence n’est pas sans rapport avec les réactions affectives éprouvées, dès son plus jeune âge, à la vue des supplices infligés aux animaux. (…) Ainsi, au regard de Louise Michel, la compassion pour les animaux victimes de la domination des hommes est au fondement de sa détermination à combattre le principe même de la tyrannie et de l’injustice : « Des cruautés que l’on voit dans les campagnes commettre sur les animaux, de l’aspect horrible de leur condition, date avec ma pitié pour eux la compréhension des crimes de la force. C’est ainsi que ceux qui tiennent les peuples agissent envers eux ! » » (p. 144).
[31] Voir, cependant, Quentin Deluermoz, Anthony Glinoer (dir.), L’insurrection entre histoire et littérature (1789-1914), Publications de la Sorbonne, 2015.
[32] Bien que cette expression n’avait pas encore surgi à cette époque, voir Aurélie Carrier, Le Grand soir, éd. Libertaria, 2017.
Mercis à nos précieux soutiens & partenaires :
un merci tout particulier à l’artiste, Mathieu Roussel, qui a gravé sur bois une oeuvre unique et exceptionnelle : des portraits des quatre hommes et femmes politiques (Jaurès, Michel, Péguy & Maurras) qui seront l’objet de nos études.